La tension est montée d'un cran vendredi dans le conflit à Radio France, avec le vote d'une motion de défiance contre son PDG, Mathieu Gallet, plus que jamais sous pression, et la poursuite de la grève jusqu'à mardi, après deux semaines de conflit.
Le conflit, que les journalistes ont rejoint vendredi, a été reconduit massivement lors d'une assemblée générale du personnel à laquelle assistaient quelque 300 salariés, a constaté un photographe de l'AFP sur place. Il s'agit de la grève la plus longue depuis dix ans à Radio France. Elle coûte un million d'euros par semaine au groupe public.
"Mathieu Gallet a dit que Radio France risquait de ne pas passer l'été, lui doit partir sans délai", dit le texte de la motion, soutenue par les syndicats. Mais le PDG a pour sa part exclu de démissionner.
"Au-delà de sa défense pathétique et de sa stratégie de communication, Mathieu Gallet persiste dans son mépris du dialogue social", souligne le texte de la motion.
L'intersyndicale, vent debout contre le patron du groupe public, a réclamé "un véritable projet d?avenir, et non le démantèlement de la radio de service public".
"On ne peut plus discuter avec l'équipe actuelle qui est complètement discréditée, il n'y a plus aucune négociation depuis trois jours", a déclaré à l'AFP un élu CFDT.
Fragilisé par les révélations à répétition du Canard Enchaîné mettant en cause ses dépenses, Mathieu Gallet, a dit jeudi qu'il irait "jusqu'au bout", rappelant qu'il ne peut être démis que par le CSA qui l'a nommé il y a un peu plus d'un an.
Le jeune dirigeant de 38 ans doit présenter mercredi, lors d'un CCE extraordinaire, son plan stratégique destiné à redresser les comptes de la Maison ronde, lourdement déficitaire.
A la recherche d'économies, le gouvernement lui demande de réformer Radio France sans dépenser plus, comme il l'a fait pour d'autres acteurs du secteur public.
Mathieu Gallet devrait proposer de réduire la masse salariale, via 200 à 300 départs volontaires chez les seniors, de ne conserver qu'un seul orchestre au lieu de deux, de supprimer les ondes courtes et moyennes, de pouvoir ouvrir les antennes à de nouveaux annonceurs. Des pistes qui devraient permettre de trouver 50 millions d'euros d'économies d'ici à 2019.
- 'Trésorerie à sec' -
Il demande aussi à l'Etat une rallonge d'urgence pour payer la fin du chantier de la Maison de la radio, qui plombe les finances de l'entreprise. "La trésorerie est à sec, si rien n'est fait on ne passera pas l'été", a-t-il affirmé jeudi sur iTELE.
Face au personnel de l'entreprise il a, en revanche, écarté l'hypothèse d'une fusion des rédactions de France Inter, France Info et France Culture, proposée cette semaine par la Cour des comptes.
Le dirigeant a aussi contre-attaqué, jeudi, sur la question de ses dépenses, à la fois à la tête de Radio France mais aussi lorsqu'il présidait l'Institut national de l'audiovisuel (INA), son précédent poste.
Il estime être victime d'une "cabale organisée" et faire les frais d'une "sorte de réseau de l'ombre administratif, politique".
Après sa rencontre jeudi avec sa ministre de tutelle, Fleur Pellerin, et la visite d'une délégation de l'intersyndicale à Matignon, la balle semble désormais dans le camp du gouvernement.
"L?État devrait rapidement arbitrer sur le projet que j?ai présenté et témoigner son soutien à Radio France et à la transformation que nous allons porter ensemble", a affirmé Mathieu Gallet dans un courrier aux salariés.
"C'est une base de travail, enfin stabilisée, avec pour la première fois l'expression des préférences de la direction sur les pistes envisagées pour revenir à l'équilibre, sur laquelle la ministre se prononcera sur les prochains jours", indique-t-on dans l'entourage de la ministre.
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