La présidente du FN Marine Le Pen a été contrainte une nouvelle fois jeudi de se désolidariser des propos de son père, qui a répété, largement condamné, ses déclarations sur les chambres à gaz nazies, "détail de l'Histoire".
"Je suis en profond désaccord sur le fond et sur la forme", a-t-elle indiqué à l'AFP. Prononcés une première fois en 1987 et engendrant un tollé, ces propos ont été volontiers réitérés par Jean-Marie Le Pen, qui a été condamné en justice plusieurs fois. Ce jeudi, une nouvelle enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour contestation de crime contre l'humanité, a annoncé une source judiciaire à l'AFP.
Après avoir tenu ces propos le matin sur BFMTV et RMC, M. Le Pen les a d'ailleurs répétés dès l'après-midi dans son journal de bord vidéo.
Mme Le Pen, qui veut faire du FN le "meilleur bouclier" des Français juifs, s'est démarquée de son père à plusieurs reprises: en 2011, elle avait dit que les camps nazis étaient "le summum de la barbarie". En juin, elle avait aussi dénoncé une "faute politique" quand il avait parlé d'une "fournée" concernant Patrick Bruel, qui est juif.
En revanche, la patronne du FN s'était abstenue de critiquer, en période électorale, la citation par son père de l'écrivain collaborationniste et antisémite Robert Brasillach en 2012, ou juste avant les européennes 2014 la déclaration paternelle sur "Monseigneur Ebola" qui peut régler "l'explosion démographique".
Opposition constante père-fille : pour le "punk" Jean-Marie Le Pen, comme l'a qualifié sa fille dans un entretien au magazine Causeur, les polémiques, voulues ou pas, font progresser le FN. Elles "l'arrachent lui au néant médiatique, pas le Front", rétorque Mme Le Pen, en "désaccord majeur" avec lui à ce sujet. "Ces déclarations n'entachent pas le crédit du FN mais le sien", lâche-t-elle.
- "Il ne changera pas" -
Reste que le président d'honneur du FN est aussi candidat autoproclamé du parti d'extrême droite pour les régionales de décembre en Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'une des principales cibles du FN.
"Il veut savonner la planche de sa fille. En l'occurrence, il a savonné la sienne en Paca !" cogne un "mariniste".
Ces derniers temps, quelques responsables frontistes ont émis l'idée que Jean-Marie Le Pen s'interrogeait sur l'opportunité d'"y aller" ou pas. Marine Le Pen peut-elle lui retirer sa candidature, pas encore actée par les instances du parti ? "Ça sera à elle de décider. Il faut mettre Jean-Marie Le Pen face à ses responsabilités: il ne veut pas le pouvoir, qu'il le dise !"
Wallerand de Saint-Just, trésorier du FN et comme tous les frontistes très prudent sur les relations entre "Le Pen" et "Marine", juge que "le FN de Marine Le Pen a déjà suffisamment démontré qu'il n'était pas du tout sur la même longueur d'ondes que Jean-Marie Le Pen à ce sujet-là () Ce que dit Jean-Marie Le Pen, tout le monde s'en fiche, je pense", veut-il croire aussi.
Interrogé sur Europe 1, le bras droit de Marine Le Pen Florian Philippot a parlé d'une "provocation parfaitement inutile" et reconnu le problème : "Il ne faut pas se le cacher, il n'a pas le même statut qu'un adhérent ou un militant classique."
Pour un proche de Jean-Marie Le Pen, celui-ci "a la légitimité pour être candidat." Et ses déclarations ? "Il ne changera pas. Alors il faut faire avec."
Plus libre, puisque pas encarté au FN, le député Rassemblement Bleu marine du Gard Gilbert Collard a qualifié de "désespérant" ces propos sur Twitter, voyant en Jean-Marie Le Pen un "tract ambulatoire" pour Manuel Valls. "Ferme ta gueule, espèce de collard !" a immédiatement répliqué M. Le Pen sur le même canal.
Reste qu'outre les associations antiracistes, les opposants politiques au FN se sont aussi immédiatement saisis de l'affaire: la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem a évoqué des propos "inqualifiables", le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve des déclarations "insupportables", rejoints par les UMP Renaud Muselier et Eric Ciotti - potentiels rivaux de M. Le Pen en Paca .
Un ponte de l'UMP dans la région se réjouissait il y a quelque temps: "Sa candidature, c'est un atout pour nous" par rapport à Marion Maréchal-Le Pen, sa petite-fille qui briguait aussi le poste.
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