Sur la pointe de Floride, au Havre, les vieux hangars du terminal croisière contrastent avec le faste des paquebots qui accostent. D'ici 2026, ce site, qui fait face au quai de Southampton et sa célébrissime catène de conteneurs, aura totalement changé de visage. Édouard Philippe, président de la communauté urbaine du Havre, a détaillé le projet, lundi 19 septembre, entouré d'Hervé Morin, président de la Région Normandie, et de Florian Weyer, directeur général délégué d'Haropa.
Le projet
Sur la partie sud, les hangars 12 et 13 existants seront réhabilités et étendus pour créer les terminaux 2 et 3. L'ouverture est prévue début 2025. "Nous avons imaginé le bâtiment de façon qu'il puisse servir d'équipement public quand il n'y aura pas de croisières, pour accueillir par exemple des concerts, colloques, etc. dans les salles de bagages", précise Brice Piechaczyk, de l'agence parisienne Enia Architecture, qui travaille sur le projet avec l'atelier Bettinger-Desplanques, basé au Havre.
L'aspect horizontal du bâtiment est essentiel pour permettre une vue des navires. - Vize rending for Enia Architectes
Face au quai de Southampton, le terminal offrira une nouvelle perspective. - Vize Rending for Enia Architectes
Sur la partie nord, les hangars 1, 2 et 3 existants seront démolis pour laisser placer au terminal 1, permettant l'accueil des paquebots jusqu'à 330 mètres de long. Son ouverture est programmée pour l'automne 2025. "Sa toiture sera accessible aux Havrais, offrant un belvédère sur l'entrée du port et le centre reconstruit, où l'on pourra boire un verre, écouter un concert…", indique l'architecte. "Un point de vue exceptionnel qui n'existe pas aujourd'hui au Havre", selon Édouard Philippe.
Des espaces de guinguette et restauration devraient voir le jour. - Vize rending for Enia Architectes
Au centre, une allée végétalisée, ouverte là encore au public, permettra de traverser la pointe de Floride sur 320 mètres.
Une allée permettra de se promener près des paquebots. - Vize rending for Enia Architectes
Quid de l'environnement ?
"Privilèges écocidaires pour les géants des mers" : la banderole était déployée devant l'hôtel de communauté urbaine, ce lundi 19 septembre, par des militants d'Extinction Rébellion, qui dénoncent l'impact environnemental néfaste de l'industrie de la croisière, pour des "retombées très maigres" pour la vie locale.
Interpellé sur ce point, Édouard Philippe, président de Le Havre Croisières, rappelle le projet d'électrification des quais : à partir de 2025, les paquebots pourront se brancher pour éviter de laisser tourner leurs moteurs à l'une des trois prises de 10 MW aménagées. Ces équipements permettront d'éviter l'émission de 100 tonnes de CO2 et deux tonnes d'autres polluants, selon Haropa. "Ce ne sera pas une option mais une obligation", pour les compagnies, de se brancher, indique le maire du Havre. Une mesure qualifiée de "green washing" par les opposants, qui envisagent d'ouvrir une antenne locale du collectif Stop Croisières.
Les futurs terminaux seront par ailleurs "low-tech", avec des surfaces vitrées, des panneaux photovoltaïques, des matériaux biosourcés et une ventilation naturelle.
Combien ça coûte ?
Cette reconversion de la pointe de Floride coûtera au total cent millions d'euros. Soixante millions d'euros seront ainsi dédiés aux investissements, financés par la Région (15 millions), la communauté urbaine (15 millions) et un emprunt de trente millions d'euros réalisé par le GIP Le Havre Croisières. "Ce montant sera remboursé par les recettes d'exploitation du site", précise Édouard Philippe. Sur les quarante millions d'euros dédiés aux infrastructures, vingt seront financés par l'État et presque autant par Haropa.
Quels objectifs ?
En 2019, Le Havre enregistrait 140 croisières et 355 000 passagers, "un chiffre déjà égalé cette année", selon Florian Weyer. Pour 2023, 153 escales sont déjà programmées. L'objectif de 600 000 passagers en transit à horizon 2030 est avancé. Le panier moyen des dépenses d'un croisiériste en escale au Havre était de 88 €, selon les dernières études, indique le maire.
Et le musée maritime ?
Le musée maritime et portuaire, actuellement installé dans le hangar 1, sera contraint de déménager "avec l'appui de la communauté urbaine". Mais où ? "On est en train d'y travailler", répond Édouard Philippe, qui évacue l'idée de bâtir un grand musée sur la pointe de Floride : "On aurait considérablement renforcé le coût de l'investissement."
Les amoureux du patrimoine maritime pourront se consoler avec cette promesse : les grues emblématiques présentes sur les quais seront déplacées et mises en valeur sur le nouveau terminal.
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