La clé tourne dans la serrure et révèle des rayonnages de cartons à perte de vue. "Vous avez devant vous cinq kilomètres linéaires d'archives, cela fait un certain nombre de boîtes", sourit Florent Crayssac, archiviste de French Lines & Compagnies, dans les quartiers sud du Havre.
Elsa Morel, chargée de mission, et trois autres archivistes travaillent à temps plein pendant 18 mois sur cette mission de récolement.
Les plans du dancing du France
Cet organisme public, dirigé par Marie-Anne Du Boullay et financé en majorité par la Ville et la Région, bénéficie d'un budget annuel d'environ 400 000 € pour conserver et valoriser le patrimoine de la marine marchande française. "Nous conservons principalement les fonds de la Compagnie générale transatlantique, la Compagnie des messageries maritimes et la fusion des deux, la Compagnie générale maritime." Des archives complétées par quelques fonds sur les compagnies privées, la Société nationale Corse Méditerranée et par des dons d'anciens passagers ou membres d'équipages des paquebots transatlantiques. Depuis le mois de janvier, l'archiviste bénéficie d'un renfort inédit de quatre collègues pour en savoir un peu plus sur les secrets que renferment ces cartons. Une mission de récolement, c'est-à-dire de classement, a en effet débuté. Environ 2,5 km d'archives restent à inventorier. Une étape indispensable pour Florent Crayssac : "C'est plus facile de valoriser un fonds complet. Nous manquons d'informations sur beaucoup de navires, elles sont sans doute dans ces boîtes." Ce travail, piloté par Elsa Morel, consiste à ouvrir les 1 958 cartons dont le contenu est encore inconnu. Chaque document est d'abord décrit succinctement dans un tableur. "L'étape suivante sera de les reconditionner dans des chemises propres, d'enlever la poussière, les plis, les agrafes, trombones, élastiques, etc.", énumère la chargée de mission. Enfin, un inventaire précis est rédigé. À raison de dix boîtes par jour en moyenne, près de la moitié des cartons ont déjà été ouverts. "On a trouvé des documents relativement bien conservés, allant de 1861 à 1995." Plus de mille noms de navires figurent sur ces factures, devis, plans, photos, rapports d'incidents… Parmi les documents atypiques, les plans du dancing du paquebot France, son contrat de construction datant de 1962 ou encore… un brevet d'invention sur un procédé destiné à faciliter l'ouverture des huîtres. "C'est assez improbable !", sourit Elsa Morel, dont l'équipe est plutôt habituée à devoir déchiffrer des dossiers rédigés dans un jargon maritime technique. "C'est un privilège d'être l'intermédiaire entre celui qui a produit l'information et ceux qui vont la retranscrire." Chercheurs, généalogistes ou documentaristes du monde entier consultent régulièrement les archives de French Lines.
Rapports d'incident, photos, plans, factures, devis… Le contenu des cartons se dévoile peu à peu.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.