Exposition didactique crée en 2016 par un historien chercheur Gérard Fournier dans le Calvados, et enrichie dans cette nouvelle version par les Archives du département de Seine-Maritime, Les résistants derrière les barreaux témoigne des conditions carcérales, tortures, privations et exécutions sommaires auxquelles étaient soumis les résistants appréhendés par les autorités pendant l'Occupation. Des révélations poignantes et un travail de mémoire absolument nécessaire.
Des conditions de détentions misérables
L'exposition évoque en particulier l'enfer de l'univers carcéral à Caen, Alençon, Évreux et Rouen grâce à des témoignages de résistants. À Rouen, c'est à la prison Bonne Nouvelle, dans le quartier des politiques et dans les sous-sols du palais de justice que les résistants sont incarcérés. Parfois mis au secret et mis aux fers, torturés pendant de longues journées par la Sipo SD, les résistants sont poussés dans leurs retranchements pour avouer ou dénoncer leurs camarades.
Avec une hygiène déplorable, l'absence de soins médicaux, des rations médiocres, nombreux sont ceux dont l'état de santé décline rapidement. S'ils ne sont pas fusillés au Madrillet, c'est au camp d'internement de Compiègne Royallieu, véritable antichambre des camps de concentrations, qu'ils sont envoyés.
Cette exposition a bénéficié des prêts des archives de la prison Bonne Nouvelle, ce qui a permis de présenter un registre d'écrou ou encore la machine des geôliers, le contrôleur de ronde de nuit.
Des figures emblématiques
Parmi les documents présentés, cette exposition met en exergue le destin de Robert Chevrier. Ce résistant commet le 24 avril 42 un attentat à l'égard d'un officier allemand à Rouen et finira par être identifié à cause de ses lunettes en écailles abandonnées sur le lieu du crime. Sa fausse carte d'identité au nom d'Émile Lheureux est conservée avec soin.
De même, une vitrine est consacrée à Valentin Feldmann, juif et résistant. Professeur de philosophie à Fécamp, victime des lois antisémites il est contraint de démissionner et décide de passer dans la clandestinité sous le nom de Jean-Gabriel Jazon. En charge de l'impression de revues clandestines, il sera arrêté par la Gestapo et accusé à tort d'être l'auteur d'un attentat mené par son groupe. Pour sauver ses pairs il endossera cette responsabilité et mourra en héros fusillé au Mont Valérien après avoir fièrement alpagué le peloton d'exécution en ces termes "Idiots! C'est pour vous que je meurs".
Les exactions nazies à l'encontre de la communauté juive
Cette exposition complétée par les fonds des archives départementales révèle également un autre pan de l'histoire de Rouen. Le gouvernement de Vichy collabore avec la Sipo SD et justifie ses rafles aux seins de la communauté juive par une politique de représailles aux attentats.
Monseigneur Petit de Julleville signe ainsi des documents compromettants destinés aux autorités allemandes visibles dans cette exposition, tout comme les affiches de la feldgendarmerie destinées à la population civile justifiant les rafles de mai 42 et de janvier 43 qui feront des centaines de victimes.
On découvrira en particulier les registres qui mentionnent les noms de nombreuses familles juives arrêtées, envoyées en déportation. Très peu survivront aux camps de la mort.
Pratique. Jusqu'au 21 juin. Tour des archives, quai Jean Moulin à Rouen. Gratuit. www.archivesdepartementales.fr
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