"La logique veut que le Préfet de Région ne soit pas éloigné du Président de Région", déclarait à notre micro, peu de temps après sa nomination officielle mercredi 22 avril, le "préfet préfigurateur" haut-normand Pierre-Henry Maccioni nommé en conseil des ministres et devant organiser les services de l'Etat dans la future Normandie réunifiée.
Le propos fait réagir aujourd'hui le président du Conseil départemental du Calvados, Jean-Léonce Dupont, qui regrette cet après-midi dans un communiqué que "choisir les « préfigurateurs » parmi les Préfets en responsabilité territoriale n’est pas forcément le meilleur garant d’une étude réellement neutre des situations locales". En creux, c'est bien la supériorité du voisin rouennais qui est ici pointée du doigt. "De qui se moque-t-on ?", s'indigne l'élu, pour qui les socialistes sont à l'origine de "ce qui serait de fait un pouvoir régional rouennais" s'ils s'octroyaient les prochaines élections régionales, en décembre prochain.
"J'assume de revendiquer un vrai partage des charges de gouvernance de notre future région entre ses trois villes principales et non un simulacre dont les habitants ne seront pas dupes longtemps", conclut le président du Calvados.
Le texte écrit par Jean-Léonce Dupont, dans son intégralité :
"Préfigurer, c’est selon le Larousse, ce qui annonce un événement futur sous une forme imparfaite par exemple Une secousse, préfiguration du cataclysme.
Les premières déclarations du Préfet de Haute-Normandie, préfet-préfigurateur désigné hier en Conseil des ministres, méritent d’être entendues à l’aune de cette définition. Il dit en effet au micro de Tendance Ouest : "La logique veut que le Préfet de Région ne soit pas éloigné du Président de Région".
C’est faire là peu de cas de la loi du 16 janvier 2015 qui précise de manière très claire à propos de la résolution que le futur conseil régional devra voter avant le 1er juillet 2016 : « Cette résolution ne peut prévoir qu'une même unité urbaine regroupe le chef-lieu proposé, l'hôtel de la région et le lieu de la majorité des réunions du conseil régional que si elle est adoptée à la majorité des trois cinquièmes des membres du conseil régional. A défaut de résolution unique adoptée, les avis prévus aux 1° et 2° du présent II (cad nom et chef-lieu définitif de la région) sont réputés favorables et les délibérations fixant l'emplacement de l'hôtel de la région et les lieux de réunion du conseil régional ne peuvent prévoir qu'ils sont situés dans la même aire urbaine que le chef-lieu. »
Loin de moi l’idée de faire à l’Etat en région quelque procès d’intentions que ce soit, même si je considère que choisir les « préfigurateurs » parmi les Préfets en responsabilité territoriale n’est pas forcément le meilleur garant d’une étude réellement neutre des situations locales. En l’espèce, les propos tenus publiquement depuis Rouen conduisent à demander sans délai quelques éclaircissements sur leur signification tant ils sont éloignés du texte de la loi qu’on n’imagine mal ignorée d’un Préfet de la République, fût-il préfigurateur.
Il est vrai qu’il ne fait qu’accompagner docilement les élus socialistes normands menés par les deux actuels présidents de région qui, dans une tribune – quel hasard – publiée au lendemain des annonces de l’Etat, affichent leur vision avec les mêmes mots : « Rouen devrait logiquement accueillir le chef-lieu de la Normandie. Le Président de Région et le Préfet, par les fonctions qu’ils exercent, doivent pouvoir travailler ensemble facilement. Ce qui n’empêchera nullement le Conseil régional de siéger à Caen s’il le décide, comme le prévoit d’ailleurs la loi. Quant aux services, ceux qui veulent les regrouper en un seul site se trompent. Gérer les lycées de Granville depuis Rouen, ou ceux de Dieppe depuis Caen, construire à grands frais de nouveaux bâtiments pour les personnels déplacés, n'auraient aucun sens ! Ce serait inefficace et coûteux pour le contribuable. Les services régionaux doivent majoritairement rester là où ils sont aujourd'hui, assurant les missions de proximité qui sont les leurs. C'est essentiel pour l’équilibre de la Normandie. Nous nous y engageons. ».
Nous y voilà : la résolution qu’ils feraient voter s’ils étaient élus en décembre prochain ressemble au jeu de bonneteau qui piège toujours ceux qui s’y risquent. Le Conseil régional serait autant à Caen qu’à Rouen, le Président plutôt à Rouen avec ses plus proches collaborateurs, les services dispersés et donc dédoublés et l’assemblée serait vouée au nomadisme, siégeant tantôt ici tantôt là, pour donner le change à ce qui serait de fait un pouvoir régional rouennais. Tout cela au nom de l’économie pour le contribuable. De qui se moque-t-on ?
Ceux qui dénoncent haut et fort ce que le pouvoir actuel prépare sont brocardés et accusés de vouloir « raviver les vieilles querelles stériles ». Pour ma part, j’assume de revendiquer un vrai partage des charges de gouvernance de notre future région entre ses trois villes principales et non un simulacre dont les habitants ne seront pas dupes longtemps. Je le ferai sans relâche, pas seulement pour mon département et sa ville chef-lieu, mais aussi pour que soit trouvé puis garanti le meilleur équilibre possible entre tous nos territoires, ruraux et urbains, entre toutes les agglomérations qui maillent notre région et entre nos cinq départements qui, ensemble, sont la Normandie."
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